Rêve d'ailleurs

par Selene Mer 23 Fév - 11:20

Je rêve en cet instant d’une statue de pierre ;
De la pierre la plus grossière,
Avec un cœur gros comme le Rocher du Diamant,
Dure et incassable.

J’envie même les montagnes,
Imperturbables dans le firmament,
Qui dressent leur tête jusqu’à attraper les étoiles,
Alors que l’homme s’inquiète de leur érosion.

Les pierres, comment vivent-elles ?
Sentent-elles le temps qui passe ?
Ont-elles gardé dans leur mémoire
Le souvenir des âges ?

Les pas du premier vertébré !
Les déjections du temps !
Les colères de la terre !
Et le silence des morts !

Sentent-elles la chaleur irradiante
Du foyer perpétuel
Qui embrase l’univers chaque matin
Et fait vivre les mondes ?

Sentent-elles l’eau du ciel
Ruisseler sur leurs dos,
Puis s’infiltrer à travers les montagnes
Pour faire germer la vie ?

Entendent-elles ce souffle court,
De la nature qui murmure ;
Quand le vent chatouille ses aisselles
Alors qu’elle déguste le sel de l’air ?

Peuvent-elles au moins tendre l’oreille ?
Entendent-elles ce tambour tellurien
De la faune qui danse,
En labourant la terre ?

J’ai vu beaucoup de pierres,
De toutes les tailles et de toutes les couleurs ;
J’en ai même extirpé dans le flanc des montagnes
A grand coup de barre à mine.

Naguère, j’ai éventré le sol ;
Longtemps, j’ai fouillé dans ses entrailles pour chiper ses trésors ;
Autant d’années de dur labeur ;
C’est que, je n’avais plus mon père.

Aujourd’hui, c’est moi qui lui reviens,
Las, d’une longue vie ;
Avec les cheveux chenus d’un vieillard
Et le corps calciné d’un Mathusalem.

Ce roc qui autrefois a pourfendu la pierre,
Ce corps à ses jeunes années, dur à l’effort,
Possède des os d’une consistance poussiéreuse,
Recouverts d’une peau parcheminée.

Tout me traverse,
Comme une falaise infiltrée par les vagues ;
Fissurée de toute part,
Et, qui délite en miette.

Je suis une statue de pierre ;
Un gisant étalé sur son piédestal ;
Qui goûte à la gloire
De ceux qui l’aiment, enfin.

par Selene Mer 23 Fév - 21:32

Bonjour,

Bonjour,
Je vous remercie pour les commentaires. Pour répondre à Cyrille, je dirais que j'aime beaucoup la poésie classique. Mais ce que j'aime avant tout, c'est la musique des mots, le rythme et les émotions que le poète essaie de communiquer à travers son oeuvre. Les poèmes qui m'ont le plus inspirés sont ceux qui racontent une histoire, comme "la Ballade des pendus" ou l'Albatros. J'ai commencé à travailler la poésie classique, mais cela ne me correspondait pas. Mais dans mes textes, il y a toujours un travail sur la narration et la musique des mots.

Sélène

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